« Le yoga de l’action consiste à investir trois aspects dans nos actes : discipline, étude de soi, et abandon des fruits de l’action. » |
Yoga sûtra – livre II sûtra 1 |
Le yoga de l’action consiste à investir trois aspects dans nos actes : discipline, étude de soi, et abandon des fruits de l’action.
Le yoga de l’action, kriyā yoga, est le yoga de celui et celle qui chemine en action en cherchant à se libérer de la souffrance et de l’enfermement intérieur. C’est la vision du yoga dont nous avons besoin nous qui vivons en relation, nous qui avons dédié notre vie à l’action et au partage et non pas au renoncement (le yoga propose de multiples voies). Enfermés dans les traumatismes de nos expériences, des plus dramatiques aux plus anodins, le yoga propose une démarche afin que ces traumatismes cessent de s’auto-alimenter dans nos actes.
Ce sûtra définit ce yoga par 3 aspects que l’on peut intégrer dans nos vies. Trois orientations qui permettront de ne pas entretenir le cycle de la souffrance :
- Discipline, tapas : Il s’agit de poser, par une discipline, des actes qui transforment, qui nous corrigent dans ce qui nous fait souffrir. Cela peut être de pratiquer des postures de yoga qui corrigent notre corps, changer notre alimentation pour répondre à une souffrance liée à la santé, corriger notre relation à l’action (excès ou manque d’engagement), intégrer des moments de silence dans notre quotidien, … C’est reconnaître ce qui est en trop dans notre vie, ou en trop peu, et ensuite mettre en place un effort pour ajuster.
- Etude de soi, svādhyāya: C’est mettre de l’intelligence dans notre discipline, recevoir ce que nos actes nous apprennent sur nous-même, et savoir prendre humblement ce qui nous séduit ou ce qui nous bouscule. C’est en recueillant notre vécu dans nos actes, en les considérant, que l’on pourra poursuivre, questionner, et ajuster notre discipline.
- Abandon des fruits de l’action, (īśvara praṇidhāna) : C’est accepter que tout ne dépend pas de nous, que notre maîtrise s’arrête là où nos actes commencent à porter des fruits dans le monde, car à partir de là nous ne sommes pas maîtres de ce qui anime les gens autour de nous, nous ne sommes pas maîtres du moment, de notre environnement. Donc acceptons après avoir fait de notre mieux.
Ces trois piliers peuvent nourrir notre approche des séances de yoga quotidiennes, comme se connaître dans les postures, et en fonction de cela les ajuster à nos capacités et nos besoins, puis s’en remettre à la confiance que l’on ressent dans le yoga.
De la même manière, reprenons pour finir un très bel exemple qui a été trouvé lors de la dernière rencontre qui portait sur ce sûtra : élever un enfant demande une discipline (tapas), qui sera ajustée aux réactions de l’enfant, ce vécu de la discipline éclairera sur qui est l’enfant mais aussi le parent sur lui-même (svādhyāya), et le parent apprendra à lâcher parfois une discipline qui s’avère source de souffrance, et il fera confiance à l’amour qui le guidera vers les actes justes pour son enfant (īśvara praṇidhāna).
Amusons-nous à passer nos actions au crible du kriyā yoga !