Yoga-sûtra – chapitre 2

Chapitre 2 : méthode de transformation

Nous avons découvert ensemble le mois dernier comment Patanjali définit le yoga dans le premier chapitre du yoga-sûtra. Cette idée d’un mental paisible au point de voir la lumière en nous peut sembler un idéal inatteignable dans le quotidien qui est le notre. C’est là que l’enseignement du deuxième chapitre nous apportera une vision du yoga beaucoup plus adaptée à notre société. Il est ici question d’un yoga qui réduit notre souffrance nous permettant ainsi d’agir depuis cet espace lumineux en nous appelé Purusha (voir newsletter précédente).

Patanjali appelle cela Kriya Yoga, un yoga qui transforme notre corps, notre esprit, notre ego, un yoga qui purifie ce que l’on est afin d’accomplir des actes depuis un esprit clair, léger, bienveillant, et depuis un corps redressé et rempli de vitalité. Cette purification (Sâdhana) sera la clef d’un discernement heureux sur le monde dans lequel nous agissons et évoluons.

Le premier aphorisme de ce chapitre définit le Kriya yoga. Trois aspects doivent être entretenus dans une pratique afin d’initier ce mouvement vers la réduction de la souffrance :

  • Tapas : c’est mettre en mouvement l’énergie de changement qui est en nous, se mettre en état de transformation, se rendre disponible à un autre fonctionnement améliorant notre action et notre relation aux autres. Tapas est l’acte initiateur du Kriya yoga, et ne sera pas toujours confortable, nous sortira nécessairement de notre zone de confort par moments, mais nous emmènera au-delà du «nous-même » qui subit le monde vers le Soi qui est épanoui dans le monde.
  • Svâdhyâya : c’est donner une direction à cette transformation, une direction qui part de là où l’on est, et dans un objectif possible à atteindre. Cela demande de se connaître, s’observer, accepter ses forces et faiblesses, et régulièrement accueillir des temps d’introspection qui permettent d’observer le chemin parcouru, identifier ce qui résiste à cette transformation, et toujours réajuster son chemin. L’accompagnement d’un professeur ou d’un thérapeute est précieux pour mener Svâdhyâya.
  • Ishvara Pranidhâna1 : c’est lâcher ! Desserrer nos griffes qui étouffent chacune de nos actions, apprécier d’agir en se détachant des résultats. Cela peut être quelque chose de très heureux, basé sur une confiance dans les fruits de la vie plutôt que dans les fruits de nos actions, et apprécier simplement la joie d’agir sans se tendre sur l’objectif.

Pourquoi pas illustrer les trois composantes du Kriya yoga par la pratique en cours collectifs. Il faut d’abord sortir de chez soi et venir chez son professeur au lieu de rester dans son fauteuil (Tapas), pendant la pratique il faut ressentir son corps, identifier ses limites, donc apprendre à se connaître ( Svâdhyâya), puis enfin il y a une confiance dans la discipline que nous pratiquons, une confiance dans le professeur, dans l’enseignement qu’il a reçu, et de cet abandon né une disponibilité à des résultats bien plus profonds que ceux recherchés initialement (Ishvara Pranidhâna).

Dans une pratique de yoga, il est important de rester relier à ces trois piliers, et se rappeler qu’une pratique juste provient d’un équilibre entre eux. En se perdant trop dans Tapas, la chaleur finit par brûler sans y apporter l’intelligence de Svâdhyâya pour doser l’effort. On peut tout autant se perdre dans une introspection ininterrompue, là il faut savoir arrêter de tergiverser et venir sur son tapis, ou agir dans le monde afin de mettre à l’épreuve de la réalité les transformations issues de Tapas. L’élément clef ici pour nous occidentaux, est de ne pas négliger la force de ce concept Ishvara Pranidhâna. Nous qui sommes culturellement dans un doute constant, dans un réflexe de méfiance, dans le débat et la contradiction continus, là le yoga nous invite à faire confiance, se détendre, croire en la vie et en l’autre. Ishvara Pranidhâna nous invite à un repos dans la relation à la vie, à ouvrir les bras à ce qui se présente, se détendre de façon suffisamment présente et heureuse pour sentir que chaque situation détient un sens profond qui nous guide dans la vie.

Garder une énergie d’action, un œil sur ce que l’on devient chaque jour, ouvrir les bras à la vie, voilà le Kriya yoga !

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